19 juillet est une compagnie de création contemporaine développant une démarche artistique au croisement de deux disciplines : le graphisme et la scénographie. Elle déploie une recherche autour de l’image et du livre et s’intéresse à la porosité qui existe entre mise en page et mise en scène.
En passant du papier à la scène, elle fait émerger des formes performatives nouvelles, accordant un souffle dramatique aux images. Porteuse d’une poésie empirique et concrète, la compagnie propose des expériences sensibles qui revivifient l’écoute des spectateurs et renouvellent leurs rapports synesthésiques par une certaine application à tendre leur attention vers des objets graphiques mis en rapport et en spectacle d’une manière inattendue.
Cette compagnie émergente basée à Nancy est fondée en 2020 l’artiste plasticienne Louisa Cerclé.
Comme l’imprimeur foule le papier et fait trace, les gestes graphiques de la compagnie viennent faire impression sur les spectateurs. Textes et images, une fois composés dans l’espace scénique, deviennent les acteurs d’un théâtre graphique et plastique. Il s’agit de mettre en scène les images et les figures scripturales, en interaction avec des objets et une interprète opérant sur le plateau. Les artistes qui participent aux créations viennent du théâtre, des arts plastiques, de la musique. La rencontre de ces différentes disciplines permet d’agiter les capacités synesthésiques des spectateus en les agençant de manière libre et jusqu’alors inimaginée, en élaborant des métaphores singulières, en travaillant par analogies, affranchies des associations usuelles et conformes des univers sonores et visuels. Ce qui se joue ne relève pas du discours ni du raisonnement (l’interprétation est libre) mais du domaine de l’impression. En donnant aux spectateurs les capacités à percevoir eux-mêmes le sensible, à construire leur propre récit, l’expérience-représentation du spectacle de théâtre graphique place l’émerveillement comme le point de départ de la réflexion, de l’émancipation des discours prêts-à-penser. Nous assumons la nécessaire portée politique.
Dans la faune des images du quotidien, les regards sont sans cesse mis à contribution pour créer de la valeur marchande. La pollution visuelle effrite l’attention que l’on porte aux formes et la borne à ses plus simples usages : l’efficacité et la compréhension du message idéologique. Avec ses créations, la compagnie cherche à bousculer le rapport à l’image pour proposer une « écologie de l’attention », d’après les termes employés par le philosophe Yves Citton. En déplaçant les images sur le plateau de théâtre et en leur donnant un caractère d’évidence sensible faisant focus (pleins feux sur elles), elle leur accorde un autre statut, et offre à l’action de regarder un autre temps, pour passer du voir au regarder. En changeant de rythme et de perspective, l’attention que l’on porte aux images, fait naître le rêve et la poésie.