Éclipse, nuit en fugue

Une éclipse de soleil est un événement cosmique rare, puissant et fascinant. Sa portée couvre un grand nombre de champs : culturel, symbolique, sacré, poétique, naturel, sensible, scientifique. Elle est comme une suspension dans les cycles habituels qui dirigent la nature. Cette nuit en fugue bouleverse le vivant. Les araignées démonteraient leur toile, les grillons cesseraient de chanter.

C’est aussi un phénomène d’une grande force graphique. Deux disques se rencontrent, se mêlent, se chevauchent et provoquent des variations de lumière, de couleurs. C’est une composition visuelle sans cesse en bouleversement, qui fait spectacle.

Intentions

Cette nouvelle mise en scène propose, non pas un moment didactique dont l’interprète tiendrait la conférence, ni une initiation au thème astronomique par la voie magistrale, mais une évocation sensible, formelle et plastique de tout ce que peut figurer l’éclipse et de toute l’étendue poétique qui en dérive. Le phénomène écliptique suscite indubitablement l’émerveillement au sens philosophique du terme pour celui qui en est le spectateur, parfois à la frontière de l’apocalyptique. L’éclipse fait naître des images puissantes (possiblement effrayantes) jusqu’alors inconnues, autant qu’elle retient l’attention. Les sens de celui qui la regarde sont agités, il fait de ce moment le sien : une expérience privilégiée et porteuse de sens qui s’imprime. Car si l’éclipse est en premier lieu celui du partage d’une expérience commune extrêmement spectaculaire, chacun a en lui sa propre histoire de l’événement. Il est vain de vouloir représenter sur scène un fait aussi impressionnant qu’une éclipse, c’est pourquoi, loin de vouloir rivaliser avec ce phénomène extraordinairement spectaculaire, la compagnie choisit d’en proposer une expression. Éclipse, nuit en fugue se veut être « la nourriture » des spectateurs. Une nourriture formelle, de signe et de sens, qui constituent l’objet-livre et l’objet-spectacle et se transmet aux individus, à même d’en construire librement un nouveau récit et évoquer une nouvelle impression, à partir de leur imaginaire ou de leur mémoire d’une éclipse.

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